Quand nous entrons dans un conte, nous entrons dans le
domaine de la psyché. Nous sommes introduits par «
Il était une fois… », qui
dès lors, nous entraîne dans un au-delà
du conscient… Un temps où le temps
n’existe pas. Nous pénétrons ainsi dans
le domaine de l’inconscient.
De même le héros ou
l’héroïne du conte se trouve
abandonné dans la forêt. Nous devons plonger au
plus profond de nous-mêmes pour comprendre notre esprit, nos
zones d’ombre. Bref, il nous faut affronter
l’obscurité de la forêt…
Alors nous apercevons la clairière, un îlot de
lumière dans cette sombre étendue où
nous craignons de nous perdre.
Ainsi « Hansel et Gretel » ou « Le Petit
Poucet » sont-ils abandonnés dans la
forêt par leurs parents. Blanche-Neige aussi vit une
angoissante fuite dans les bois. Le parcours initiatique de tous ces
personnages nous montre sans doute le chemin pour conquérir
notre autonomie et nous libérer de la dépendance.
Peut-être aussi
ces contes s’adressent-ils tout particulièrement
à ceux qui ont souffert de sentiment d’abandon. Et
nos héros, faisant appel à toutes leurs
ressources, parviendront à triompher de maintes
épreuves nécessaires à la maturation.
Le Petit Poucet, habile et courageux, saura vaincre l’ogre
terrifiant – qui représente notre part
d’Ombre – tandis qu’Hansel et Gretel
apprendront à maîtriser leurs pulsions orales.
Attirés par la maison de sucre et de pain
d’épice, ils seront confrontés
à la sorcière, autre image de l’Ombre,
liée à l’aspect négatif de
la mère.
La sorcière peut aussi symboliser l’Anima
(énergie féminine en l’homme), du moins
quand cet aspect est mal intégré. De
même l’Animus (partie masculine chez la femme) est
au centre du conte « La Belle et la Bête
». L’Animus non intégré, dans
son aspect sauvage et instinctuel, la Bête, se verra
transformé en prince, Animus positif, à la fin du
récit. Le processus de maturation de
l’héroïne, chemin de
l’individuation, nous est
révélé à travers la
symbolique du conte.
Le conte s’adresse d’abord à
l’inconscient qui, adulte ou enfant…
L’inconscient n’a pas
d’âge… saura entendre le message pour
œuvrer à la transformation. Le conte devient un
extraordinaire outil en psychothérapie. Nous le choisissons
ou le construisons selon la problématique et
l’objectif de la personne. Ainsi « La jeune fille
sans mains » pourra aider une femme qui ne parvient pas
à exprimer son potentiel créateur. De
même, la jolie histoire de « Raiponce »,
où l’héroïne se
libère de l’emprise de la sorcière qui
la retient dans sa tour, trouvera écho chez celle qui,
prisonnière d’une relation fusionnelle
à la mère, cherche à
accéder à son état de femme.
Les contes sont d’une richesse inépuisable et nous
livrent les clefs de la maturation et de la sagesse. Si nous
décodons ce langage, nous réalisons que nos
conflits intérieurs, nos résistances, nos
souffrances sont des passerelles vers la réalisation du Soi.
Les contes répondent à nos plus profondes
interrogations. Le conte thérapeutique, technique subtile de
transformation, propose des pistes, des clefs pour la transformation et
l’évolution personnelle.